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Un après-midi à l’abbaye de Silvacane

J’avais envie de faire une activité rafraîchissante et apaisante ce dimanche d’été. Au fil des jours de chaleur vient un moment où l’on a envie d’autre chose que de barboter dans l’eau pour traverser les heures chaudes et se détendre. Il me fallait un lieu. Un lieu au frais.

La programmation culturelle de l’Abbaye de Silvacane traînait depuis quelques jours dans mon sac à main… mais mon envie était justement d’être au calme, dans un cadre serein et vaste, dans lequel se sentir bien. J’ai vérifié les horaires d’ouverture, et me voilà partie en solo vers ce vaisseau de pierre amarré depuis presque dix siècles à La Roque d’Anthéron sur les rives anciennes de la Durance.

Sur le site internet de l’abbaye est expliqué que l’emplacement choisi pour la construction du monument est une zone rocheuse, qui dominait alors les marécages duranciens, et peu éloignée d’une première « hostellerie » construite au XIe siècle par des moines au niveau d’un gué traversant la rivière : le gué de Gontard.

Les moines parvenaient à tirer parti du site grâce à leur connaissance en matière de drainage et d’agriculture. Parallèlement à la mise en valeur de nouvelles terres, les familles seigneuriales locales multiplièrent les donations. Bertrand des Baux entreprit la construction de l’église abbatiale en 1175.

Les XIIème et XIIIème siècles marquent l’épanouissement spirituel et économique de Silvacane, qui fonde l’abbaye de Valsainte du diocèse d’Apt. Elle possède cinq granges, gérées par les frères convers, moines n’ayant pas effectué de vœux, se consacrant essentiellement au travail manuel.

Le déclin s’amorce à la fin du XIIIe siècle. L’invasion de l’Abbaye par les moines de Montmajour, la grande Peste, les discordes civiles, la guerre de Cent ans, l’affaiblissement des ordres monastiques (en partie lié à l’apparition de l’imprimerie, enlevant aux moines leur rôle de copistes) ébranlent Silvacane.

En 1455, l’Abbaye est rattachée au chapitre de la cathédrale d’Aix-en-Provence et devient l’église paroissiale de La Roque d’Anthéron lors de la création du village en 1513.

Dès la fin du XVIème siècle, protestants et catholiques occupent successivement l’abbaye. Spoliée de sa fonction religieuse, l’abbaye se réduit bientôt au rôle de carrières de pierres.

En 1742, l’église est désaffectée au profit de celle de La Roque d’Anthéron.

Déclarée bien national à la Révolution, l’abbaye est transformée en exploitation agricole. L’église est rachetée par l’Etat en 1846 et restaurée par Revoil puis Formigé, architectes des Monuments Historiques. L’ensemble, classé au titre des Monuments Historiques, est acquis par l’Etat en 1945.

Des campagnes de fouilles réalisées entre 1952 et 1998 ont permis de retrouver l’emplacement des bâtiments annexes et d’entreprendre la restauration des salles de l’Abbaye, qui sont, actuellement, toutes ouvertes à la visite.

Cette découverte express en quelques lignes me donne envie de plonger dans les profondeurs de l’atmosphère recueillie de ce lieu dévolu à la contemplation et au travail. Je me gare sur le parking situé en bord de route. Les cigales ont sorti leur orchestre, elles raffolent des conifères qui bordent la route qui conduit à La Roque d’Anthéron.

J’arrive à l’accueil boutique qui fleure bon la cire et l’encens. On se croirait dans un magasin monastique, alors que cela fait bien longtemps que les moines ont quitté les lieux. Le calme règne ici, les visiteurs devant moi payent leur billet avec amabilité et j’en profite pour laisser mes yeux se perdre sur les rayonnages pleins de livres d’histoires et de légendes, fioles de parfum, brûleurs d’encens, tisanes locales, baumes à la cire d’abeilles, perles, bijoux, icônes… une caverne d’Ali Baba composée avec soin où chaque objet a sa place. Je note dans un coin de ma tête que cette boutique pourrait bien contenir le petit cadeau que je voudrais faire à ma nièce dans quelques jours.

Sitôt acquitté mon droit d’entrée, la porte de la boutique s’ouvre sur un parvis éblouissant. La chaleur est sèche, le concert de cigales reprend. Je laisse mes pas me porter vers le vivier, ce long bassin de près de 20 mètres de long pour 2 mètres de large, qui permettait aux moines de pêcher du poisson frais sans avoir à sortir du domaine de l’abbaye. Le murmure de la source fraîche guide mes pas sous un immense platane pluri-centenaire, qui dispense sans compter son ombre à quelques pas de l’entrée de l’abbatiale. Je glisse à l’intérieur de cette immense église et mes yeux se ferment en entrant dans la pénombre. Le contraste de température est saisissant et me sort de mon engourdissement. Je change d’univers pour me retrouver dans un lieu minéral, frais et silencieux. Mes pieds glissent sur les dalles polies par les siècles et produisent ce son doux et feutré propre aux lieux de prière.

Je me laisse envouter par la magie du lieu, l’écho prolongé de chaque vibration sonore, les dimensions gigantesques des arcs brisés et la douceur de la lumière qui tombe des vitraux blancs, comme un manteau de reine.

Ma visite se poursuit dans le cloître, comme une passerelle entre Terre et Ciel, donnant sur un jardin, point de rencontre entre le travail de l’homme et le travail de la nature. Les ouvertures, dans leur simplicité cistercienne, ont gardé par endroit quelques marques d’amour : des chapiteaux ouvragés évoquent des feuillages, là un visage humain, là le profil d’un animal sauvage. L’équilibre est partout, la paix a fait sa demeure dans ce quadrilatère. Ma visite se poursuit au dortoir, magnifique pièce percée de part et d’autres de fenêtres ingénieuses où la lumière filtre tout au long du jour, d’un côté, puis de l’autre. Le chauffoir, la salle du chapitre, le jardin des moines et l’immense réfectoire sont autant de stations émouvantes, qui conduisent à la contemplation.

On oublierait presque la chaleur estivale, la route du retour, le temps qui passe. Je pourrais rester de heures ou des jours dans ce lieu qui me connecte à moi-même et qui m’apaise.

Je quitte l’oasis pour traverser le grand parc et regagner la jolie boutique. Je débusque un carnet et un bracelet faits main qui feront la joie de ma nièce de 12 ans.

Moi, je garderai comme un trésor cette visite fraîche, inattendue, et bienfaisante à l’Abbaye de Silvacane.

Bénédicte.

En pratique :

Abbaye de Silvacane, route départementale 561 – 13640 LA ROQUE D’ANTHERON

Tel : 04 42 50 41 69 – www.abbaye-silvacane.com

Tarifs : Plein tarif : 8€ – Tarif réduit : 6.5 €

Enfants jusqu’à 12 ans : Gratuit

Audio guide Français-Anglais : + 2 €

Visites guidées en français sans surcoût : vous renseigner à l’accueil.

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